Le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2025 a une fois de plus émerveillé les amateurs de neuvième art avec une programmation riche et audacieuse. Parmi les expositions les plus marquantes, celle consacrée à « 1629, ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta » a captivé les visiteurs par sa puissance narrative et son esthétique saisissante. Retour sur une oeuvre magistrale illustrée par Thimothée Montaigne, ancien élève de l’école Pivaut.
Thimothée Montaigne : Parcours d’excellence pour un talent signé Pivaut
Thimothée Montaigne, aujourd’hui reconnu comme l’un des illustrateurs majeurs de la bande dessinée contemporaine, a suivi un parcours remarqué. Diplômé de l’Institut Saint-Luc de Tournai, il a perfectionné son art à l’école Pivaut de Nantes, où il s’est spécialisé dans les arts narratifs. Rapidement repéré par les éditions Soleil, il se lance avec Le Cinquième Évangile aux côtés de Jean-Luc Istin, avant d’enchaîner les collaborations prestigieuses, notamment sur Long John Silver avec Mathieu Lauffray ou Le Troisième Testament avec Alex Alice.
En 2022, il se lance dans l’illustration de 1629, ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, une fresque maritime glaçante qui lui vaut en 2023 le prix BD de l’ACORAM Marine Bravo Zulu. Son talent, déjà salué, atteint ici une nouvelle dimension.
« 1629 » : Une œuvre en deux volets inspirés d’une histoire vraie
Basé sur des faits réels, 1629 retrace l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire maritime. Loin d’un simple récit de naufrage, ce diptyque s’attaque à la navigation puis à la survie des rescapés du Jakarta sur un archipel perdu. Le scénariste Xavier Dorison choisit de mettre en avant les mécanismes psychologiques et relationnels qui conduisent à la soumission et à la violence latente.
Jéronimus Cornélius, apothicaire ruiné et fanatique, incarne une figure effrayante de manipulateur sadique, instaurant une régime de terreur sur les naufragés. Face à lui, Lucretia Hans et le soldat Hayes représentent la lutte contre l’oppression, la résistance et l’espoir d’une justice. Cette confrontation brutale est magnifiquement retranscrite par le trait ciselé et les compositions dynamiques de Montaigne.
Une maîtrise artistique au service du récit
Dans ce diptyque, Montaigne repousse les limites de son art. Les planches de 1629 sont à la fois spectaculaires et poignantes. Les jeux d’ombres et de lumières accentuent la tension dramatique du récit, tandis que les cadrages resserrés sur les visages traduisent la peur et la folie qui gagnent les survivants. Certaines pages muettes (dépourvues de texte), sublimant les paysages désolés ou la violence sourde, plongent le lecteur dans une immersion totale.
Thimothée Montaigne confirme son statut d’illustrateur d’exception, capable de donner vie à une histoire aussi glaçante que fascinante. Son travail sur 1629 restera comme l’un des chefs-d’œuvre graphiques du Festival d’Angoulême 2025.
Les anciens de l’école Pivaut à l’honneur / Les anciens de l’école Pivaut brillent à Angoulême
Le Festival d’Angoulême 2025 a également mis en lumière d’autres anciens élèves de l’école Pivaut. L’ouvrage collectif Titan Terrible, un ouvrage collectif réunissant de nombreux anciens de Pivaut Nantes, a été sélectionné pour le prix de la bande dessinée alternative 2025. Des alumni, ont également vu leurs œuvres respectives mises en avant en sélection officielle lors du festival comme Marion Bulot avec son album Le Caillou et Sébastien Piquet avec Vert de rage, Les enfants du plomb , qui a gagné le prix Éco-Fauve RAJA 2025.
Rendez-vous en 2026 pour découvrir les prochains chefs-d’œuvre émergents de l’école !