Le court-métrage « Mirages » est le récit de la quête de Mohand, homme solitaire se heurtant aux réalités brutales d’un monde dévasté. Il incarne la douleur et la détermination d’un nomade solitaire errant dans le désert en quête de vengeance. L’histoire, mêlant drame, action-aventure et science-fiction, nous transporte dans un univers où la violence et la solitude sont omniprésentes.
Défis scénaristiques et inspirations
La recherche de justice du protagoniste est freinée par la présence d’une faction armée qui ne recule devant rien. Au cœur de ce voyage, un conflit intérieur fait basculer sa soif de vengeance en une confrontation entre le désir de réparation et l’horreur de la guerre. Inspirés par les œuvres d’Alejandro González Iñárritu et de Denis Villeneuve, les réalisateurs insufflent une mise en scène contemplative, une représentation du gigantisme des paysages désertiques et une utilisation centrale de la musique.
Dès le début de l’aventure en 2022, l’équipe de réalisation, composée de Martin Doré, Hannah Maria, Florent Fouache et Baptiste Dangerard, a embrassé un défi de taille : créer un film à la fois esthétiquement puissant et techniquement ambitieux, tout en s’adaptant aux contraintes d’un calendrier de production serré. En seulement 7 minutes et 16 secondes, ce film destiné à un public de 16 ans et plus, réussit à captiver par sa profondeur narrative et sa richesse visuelle.
La conception de « Mirages » s’est construite sur une collaboration entre les disciplines. La préproduction, marquée par la création d’un style graphique mêlant contemplation et scènes de guerre, pose d’emblée des défis de taille. L’équipe a su opérer des choix narratifs stratégiques – réduire des plans complexes et adapter le scénario – afin de répondre aux exigences techniques et artistiques. Les processus de réalisation du storyboard et d’animatique ont permis de poser les bases de ce court-métrage à l’esthétique épurée.
Collaboration, flexibilité et créativité
Pour matérialiser leur vision, les réalisateurs ont mobilisé une panoplie de logiciels et de techniques. Toon Boom Storyboard Pro est utilisé pour établir les plans et mouvements de caméra, tandis que Toon Boom Harmony sert à l’animation des personnages. Les mouvements devaient être complexes et expressifs, avec une technique « saccadée » offrant de l’intensité visuelle. Les décors détaillés conçus sous Adobe Photoshop et une méthode de découpage ingénieuse ont permis une grande flexibilité en post-production. Blender a offert une dimension 3D aux environnements, permettant l’intégration de textures 2D et la création de plans immersifs grâce à des mouvements de caméra fluides. Enfin, Adobe After Effects et Premiere Pro assurent le compositing, le travail sur les ombres et lumières, l’ajout d’effets spéciaux et le montage final.
Chaque choix technique illustre l’équilibre recherché entre ambition artistique et faisabilité pratique. La répartition précise des rôles – Martin aux décors, et Florent, Hannah et Baptiste à l’animation – a permis d’optimiser le travail en équipe tout en relevant les défis propres à la réalisation d’un projet d’envergure.
Harmonie sonore et technique au service de l’émotion
Dès la phase d’enregistrement, l’équipe a su exploiter le potentiel des bruitages capturés en milieu naturel – de la résonance des pas sur divers supports (parquet, métal, ardoise) aux sons subtils de la poussière ou du sable – permettant une immersion dans cet univers aussi aride qu’impitoyable. Ce travail sonore vient renforcer la dimension émotionnelle du récit. La musique, composée par Paul Lecroc – cofondateur du Studio Diapason –, est inspirée par la recherche de solitude et la tension dramatique.
Le défi majeur consistait à associer ces éléments sonores à l’étape du mixage sonore. Chaque effet sonore, chaque tir et chaque mouvement a été ajusté avec minutie pour que la bande sonore ne soit pas seulement un accompagnement, mais bien un acteur à part entière dans l’expérience narrative. Ce processus a nécessité l’utilisation d’un logiciel dédié tel qu’Avid Pro Tools, offrant ainsi la possibilité de travailler sur la qualité et la précision du mixage sonore, en tenant compte des interactions acoustiques avec les décors et les actions à l’écran. L’influence de films comme Babel, The Revenant et Dune se ressent autant dans la mise en scène visuelle que dans le sound design. Ce soin apporté aux détails offre une expérience cinématographique mémorable.
La cohérence entre technologie, esthétique et émotion, est par ailleurs le fruit d’un travail intense de préproduction, d’expérimentation technique et de perfectionnement sonore. Avec « Mirages », l’équipe de réalisation propose une exploration audacieuse du conflit intérieur, de la solitude humaine, de la résilience et de la quête de vengeance. Sous la direction de Martin Doré, Hannah Maria, Florent Fouache et Baptiste Dangerard, ce court métrage témoigne du talent et de la détermination de ses créateurs à repousser les limites du cinéma d’animation étudiant.
Il convient d’ajouter que Mirages se positionne clairement dans une sphère de fiction post-apocalyptique et n’a aucun lien intentionnel avec des événements politiques actuels, son scénario ayant été écrit bien avant le déclenchement des récentes hostilités.